L’ostéoincorporation, ça vous dit quelque chose?

L’ostéoincorporation ne fait pas référence à un principe d’affaires qui vous permet de payer moins d’impôts dans votre entreprise chaque année… Il s’agit d’un concept révolutionnaire issu de l’évolution incessante et des progrès que la recherche et le développement procurent dans le domaine de la chirurgie buccale et de l’implantologie.

Depuis les trois dernières décennies, les implants dentaires ont été commercialisés dans une variété de matériaux, incluant le tantalum, le carbone vitrifié, le sapphyre monobloc, le stainless steel, le titane et autres substances. Cependant, l’ère de l’implantologie moderne est principalement basée sur la recherche du titane utilisé en orthopédie et adaptée subséquemment à l’implantologie dentaire. Il faudra attendre jus qu’en 1977 pour voir apparaître les résultats de recherche de l’équipe du Dr Branemark : un aboutissement de 10 ans portant sur les implants dentaires. L’équipe de recherche a bien documenté les conditions et protocoles afin de permettre une liaison fonctionnelle entre de l’os vivant et un implant de titane soumis à de multiples forces. C’est à partir de ce moment qu’on commencera à parler d’ostéointégration.

Depuis les résultats obtenus de l’équipe du Dr Branemark, les recherches se pour suivent au niveau dentaire et orthopédique afin de développer des surfaces qui vont stimuler l’apposition osseuse. Malgré des différences au niveau de la structure et la localisation des os généralement traités en orthopédie, plusieurs surfaces de traitement ont été adaptées pour les implants dentaires. Parmi celles-ci, on note l’hydroxyapatite, les TPS (Titanium Plasma Spray), des surfaces recouvertes de billes, etc. Le but est toujours le même : stimuler l’apposition osseuse de façon prévisible et le plus rapidement possible. Aujourd’hui, une autre avancée technologique nous est accessible : le tantalum et son utilisation en implantologie dentaire.

L’utilisation du tantalum en implantologie dentaire ne date pas d’hier. Encore une fois, le Dr Branemark, pionnier dans le domaine, avait initié l’utilisation du tantalum en implantologie dentaire dans les années 50. Par contre, les coûts impliqués à l’époque et la difficulté de manipulation ont fait avorter ses tentatives qui ont dû demeurer à l’état embryonnaire. À notre époque, l’histoire est appelée à changer.

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Qu’est-ce que le tantalum?

Il s’agit d’un métal hautement biocompatible qui a été largement utilisé depuis la moitié du dernier siècle : implants orthopédiques, clips de ligatures, reconstruction orale et maxillofaciale, électrodes pour pacemakers et plusieurs autres applications cliniques. Le tantalum ne suscite pas de cytotoxicité telle que rapportée avec d’autres métaux tels le nickel, le cobalt ou le chrome. Ce métal démontre une forte résistance à la corrosion, à l’oxydation et, conséquemment, à la production d’ions néfastes pour l’organisme humain.

L’ostéoincorporation fait référence à un principe qui permet à l’os de pénétrer à l’intérieur du corps central d’un implant et non plus de simplement s’y accoler comme dans la méthode traditionnelle. Il ne s’agit plus uniquement d’un traitement de surface du métal utilisé, mais bien de l’utilisation différente d’un autre alliage : le tantalum. Ce dernier est l’élément n° 73 dans le tableau périodique des éléments.

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Formation osseuse se produisant à travers le squelette de tantalum

Le tantalum est un biomatériau dont la structure et la rigidité s’apparente en tous points à celle de l’os trabéculaire, en faisant un matériau de choix en implantologie dentaire.

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Apparence au microscope de l’os trabéculaire

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Apparence au microscope du tantalum

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Le métal trabéculaire possède un module d’élasticité bas, similaire à l’os trabéculaire. Ceci signifie que même sous haute pression, ce matériau démontre une ductilité sans fracture mécanique.

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Un coup d’oeil à l’intérieur du métal trabéculaire révèle son architecture cellulaire tridimensionelle uniforme, avec une porosité d’environ 80 %. La surface entière du métal trabéculaire révèle une topographie nanotexturée.

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Une étude portant sur les implants trabéculaires placés en modèles canins a démontré la formation de nouvel os (régions apparaissant plus claires sur l’image ci-dessus) aussi rapidement que deux semaines postimplantation.

Conclusion

Les études cliniques portant sur le métal trabéculaire ont débutées en 2010. La prise de données se poursuivra au cours des années à venir.

Des études additionnelles portant sur l’ostéoincorporation sont présentement en cours. À partir de 2011, la disponibilité de l’implant trabéculaire a grandement augmenté à travers plusieurs pays. Selon plusieurs études préliminaires portant sur le métal trabéculaire (modèles canins), il y a évidence de formation d’os mature aussi rapidement que deux semaines après l’implantation. Les données sont compilées de façon très précise afin de connaître le taux de formation osseuse et ses effets sur la stabilité secondaire des implants dentaires.

Nous aimerions tous que nos patients puissent bénéficier des avantages que les implants dentaires procurent. Beaucoup d’efforts sont déployés à chaque année afin d’accélérer les délais pouvant mener à une mise en charge fonctionnelle, sécuritaire et stable dans le temps. La technologie du métal trabéculaire adaptée à l’implantologie dentaire est très prometteuse. Par contre, s’agit-il d’une solution de traitement que nous puissions offrir d’emblée à tous nos patients à l’heure actuelle? Probablement pas, puisque les coûts associés à cette technologie sont passablement plus élevés que les implants traités avec des surfaces traditionnelles. Certains patients sont sans doute prêts à payer plus cher pour bénéficier de leurs implants plus rapidement. Pour ceux-là, il s’agit d’une alternative intéressante.

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Implant trabéculaire en application clinique

La question ultime restera de savoir si ce type d’implants nous fournira une incorporation osseuse fiable dans le temps à l’abri de toutes complications. Les études en cours sauront incessamment nous le prouver.